Page:Nalim - Les conquêtes du commandant Belormeau, 1927.pdf/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
les conquêtes du commandant belormeau

Comment l’officier pourrait-il se présenter devant ses batteries alignées et devant la population de Wattignies, accourue pour jouir du spectacle, avec un colback ainsi diminué ? On appela Benoîte, afin de lui demander si on aurait chance de trouver un plumet chez un commerçant de la ville ? Il n’y en avait pas une ! On ne tenait pas d’articles militaires à Wattignies.

Le commandant n’eut d’autre ressource que d’envoyer un homme à cheval, jusqu’à Hazebrouck.

Benoîte, dont la consternation ne connaissait plus de bornes, n’eut pas la force de se taire devant sa maîtresse qu’elle mit au courant du crime de Vicomte.

La vieille demoiselle en fut bouleversée et ayant réfléchi longuement, elle fit, à sa servante, cette communication qui, en d’autres temps, l’eût clouée de surprise :

— Ma fille, il ne sera pas dit qu’un de mes hôtes aura eu à subir un dommage quelconque sous mon toit, sans que je lui en fasse réparation. Je présenterai mes excuses au commandant.

— Mademoiselle ira au pavillon ? s’étonna Benoîte, en écarquillant les yeux.

— Non ; cela serait tout à fait contraire aux convenances ; une femme ne se présente pas chez un homme.

— Alors, mademoiselle ?

— Tu prépareras le salon et quand il sera suffisamment chauffé, tu iras transmettre au commandant Belormeau mon désir de le recevoir.

Benoîte exécuta les ordres de sa maîtresse, vraiment sans trop de stupéfaction. Quoi d’étonnant à ce que mademoiselle fût changée, alors qu’elle, Benoîte, ne se reconnaissait seulement pas.

Mlle Herminie fit toilette ; elle revêtit sa robe de velours pensée et sa fanchon de dentelle et prit place dans sa bergère, au coin de la cheminée.

— Ça me fait plaisir de vous voir si bien attifée,