Page:Nalim - Les conquêtes du commandant Belormeau, 1927.pdf/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.


VII


Le commandant Belormeau avait une autre conquête à son actif, une conquête qui eut suffi à sa gloire, tant elle semblait impossible, quoiqu’elle ne fût, peut-être, pas celle qu’il avait le plus ambitionnée.

Une invraisemblable nouvelle avait fait le tour de Wattignies, provoquant les exclamations, les étonnements et les rires. À l’occasion du jour de l’an, le commandant Belormeau avait pris le thé chez Mlle de Batanville !

Il avait pénétré dans le salon dont les lambris ne s’étaient pas écroulés ; il s’était assis dans les fauteuils armoriés sans qu’ils s’effondrassent et il avait tenu, entre ses doigts, une tasse de l’antique et précieux service vermeil qui n’était point sorti du bahut depuis la mort du chef de la noble maison.

M. le maire, en apprenant cette nouvelle, demeura coi de stupéfaction. Du coup, il abandonna ses espoirs de futures représailles pour nourrir l’envie de boire à son tour, dans les tasses guillochées de Mlle Herminie. Et l’on disait bien autre chose… Ne racontait-on pas que Benoîte s’était prise d’affection, oh ! en tout bien, tout honneur, pour l’ordonnance de l’officier et qu’elle le dorlotait comme un enfant.

Comme bien on pense, de semblables transformations ne s’étaient pas accomplies en un jour. Cela avait commencé par un désagrément.