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DE LA FOI 973

Si Dieu n'est pas si clair qu'il soit une personne et qu'il ait son histoire écrite dans les Evangiles, il n'est donc pas. Et pourquoi nous embarrasser de lui, si ce n'est pas pour y croire de tout près, coeur à cœur, et dans la présence même de son visage ? Contre tous les mystiques, hors les chré- tiens, ce sont les athées qui ont raison. Il y a bien des plaisirs à goûter ici-bas : est-ce en faveur d'une mauvaise petite croyance, logée comme une brume, dans un coin de notre cœur, que nous allons les laisser échapper ? Non, il est juste, si on le peut, de ne pas croire en Dieu : cela est plus sain, plus naturel.

Mais puisqu'il faut que je croie en lui, eh ! bien que ce soit selon qu'il est écrit. De même que Jésus est mis en croix, nu et visible de partout, de même je veux que ma foi soit fixe et définie, et celle-là même que tout le monde connaît ; et l'on sait bien que l'on n'y peut changer un iota, sans la détruire. C'est en entrant dans les urgentes limites du dogme catholique, que mon imagination trouve soudain son aise et sa véritable activité, comme un arbre qu'on plante dans un terrain préparé, sent monter en lui sa force, et circuler sa sève, et ses branches se disposer à la fleur. Pascal l'a bien vu, qu'il fallait aller jusqu'au bout: dans un grand eflFort, son âme d'un seul coup s'est délivrée de toutes ses libertés ; elle a cessé d'être entourée de possibles ; et cette nuit-là, dans cette terrible

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