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972 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

mille avant d'être fatigué. Aucune résistance : sa pensée de toutes parts moutonne avec une débile fécondité. — Laissons-le se féliciter de sa libre abondance et d'avoir soustrait à l'étroite prise d'un dogme ses facultés merveilleuses. Il se figure qu'il est tout-puissant parce qu'il peut à tort et à travers. Il ne sait pas qu'en fait d'imagination la liberté, c'est la faiblesse. Le vrai est qu'il n'a pas assez de force pour sentir les nécessités de la pensée, pour aller jusque là où soudain l'imagina- tion se trouve par on ne sait quoi de mystérieux commandée, contrainte et dans ses plus petits détails arrêtée. Il est pareil au bavard : tant parler lui est facile, il se croit l'esprit plein de vigueur ; mais justement s'il avait plus d'idées, et plus fortes, il ne trouverait plus à dire qu'une seule phrase.

Non, il n'est pas de milieu pour un cœur sincère entre l'athéisme et la religion. J'aime, et je prétends qu'il faut aimer avant tout la propreté de l'âme. Que d'abord elle soit bien nette, bien courageuse, bien achevée ! Il n'est pas vrai qu'il y ait des arrangements, il n'est pas vrai que l'on puisse être ceci ou cela, sans l'être tout à fait. On ne pactise pas avec les difficultés : ou l'on est vaincu par elles, ou on les vainc. Le premier devoir est de ne supporter en soi rien qui soit le semblant d'autre chose ; il faut avoir cette chose même, ou la quitter tout à fait.

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