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950 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

II

Une chanson des bords de Seine où le lyrisme et l'analyse se marient étroitement, comme la ligne et la couleur des vieux quais de Paris.

La poésie réconciliée avec la vérité : des jets de flamme et des jets d'eau, un feu d'artifice parmi des fontaines.

Vers et prose ou ni l'un ni l'autre : une ambi- guïté qui surprend l'oreille, née de dissonances entre les deux modes, une oscillation entre deux aimants.

La rime écartée mais sans nul dédain, parce qu'aujourd'hui c'est ma fantaisie.

L'abstraction comme un silex d'où l'étincelle jaillit, comme une forme dénudée de l'image.

L'image portant la pensée comme un fruit son noyau.

Oui, sans hypocrisie et sans fausse honte, le complet aveu des choses de la chair, la plus incu- rable tristesse.

Le désir, comme une bête en cage bâillant de faim ou, repue, bâillant d'ennui, et qui avance sa gueule entre les barreaux et souffle longuement.

Et ces instants de plénitude, si rares, si courts, mais dont les souvenirs, comme des torches dans le brouillard des rues, rayonnent sur des années.

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