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NOTES 943

si toujours on l'avait pressenti, dans une pénombre mystérieuse, à l'arrière-plan de la conscience. " '

Mais il ne suffit pas pour le philosophe d'avoir une impression^ un sentiment du monde. " Par dessus le naufrage voulu des formes, " des anciennes formes, il faut créer, inventer de nouvelles catégories. Et je crois savoir que c'est là l'ambition que caresse M. Benda pour le métaphysicien qu'il voudrait réveillé de l'intuitionnisme bergsonien comme il a été réveillé lui-même de Yextase spinoziste par les idées de Renouvier sur la discontinuité de Pacti, sur l'antinomie fondamentale qu'il y a entre l'idée de création et celle de continuité.

M. Benda — si nos conjectures et nos renseignements sont exacts — reproche à la philosophie contemporaine — et ces quelques indications préciseront encore sa position à l'égard de la philosophie bergsonienne — M. Benda, dis-je, reproche à la philosophie contemporaine de s'occuper presque exclusivement du vivant, et plus exclusivement encore de l'humain. Il estime que les spéculations de Lord Kelvin sur la constitution de la matière ou de Gibbs sur le mécanisme des transformations chimiques sont une activité au moins autant philosophique que celles sur l'évolution biologique ou sur la liberté humaine. En un mot, la philosophie, à son avis, continue d'être une spécu- lation sur les principaux problèmes de la nature (spéculation qui n'est pas d'ailleurs du tout l'équivalent de la Science) tandis qu'aujourd'hui on réduit ces problèmes à ceux sur la vie et sur Phomme. En d'autres termes, la philosophie reste pour M. Benda la métaphysique, en tant que celle-ci est un essai d'idée claire sur les processus les plus généraux de la nature (mouvement, changement continu, causation, etc.), tandis que les modernes la font converger de plus en plus vers la morale.

La tâche la plus urgente à accomplir en philosophie paraît être, dès lors, pour M. Benda, le contrôle des catégories, et

' Une Philosophie Nouvelle. Henri Bergson (Alcan).

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