Page:NRF 8.djvu/948

Cette page n’a pas encore été corrigée

940 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Quant aux interprétations d'ensemble, le nombre en est

moins grand, l'opposition moins nette qu'il ne semble quand

on s'arrête à la diversité de formules trop brèves. A ne retenir

que celles qui s'appuient sur de sérieux arguments, on y

retrouve sans peine un fonds commun ; mais des changements

de perspective sont possibles, selon que l'attention se concentre

sur telle ou telle partie, sur tel ou tel aspect du poème. Un

même lecteur passe par de tels changements, et parfois même

au cours d'une seule lecture ; pour le garder de ceux qui ne

tiennent qu'aux variations de son humeur, il suffit de lui signaler

ceux qui peuvent répondre à des changements partiels, à des

flottements dans les conceptions du poète. Car la gestation du

Faust fut longue ; et Gœthe, en soudant des fragments séparés

par maints intervalles, ne s'est pas flatté d'établir entre eux une

parfaite unité d'intention : ses propres déclarations sur cette

œuvre " incalculable " devraient couper court à maintes

discussions. — Toutes ces réflexions, M. Lichtenberger n'a pas

manqué de les faire ; mais, comme il les exprime ou les suggère

à peine, le défilé de tant de jugements anonymes et disparates

ne peut que nous conduire, par le vertige, au scepticisme, au

refus de choisir.

M. A.

  • *

LE BERGSONISME OU UNE PHILOSOPHIE DE LA MOBILITÉ, par Julien Benda (Mercure).

Le but de la philosophie de M. Bergson, dit M. Benda, est d'atteindre la mobilité. Mais cette mobilité n'est jamais claire- ment définie. Est-ce la continuité? Est-ce Xz force? La confusion de ces deux concepts est constante chez M. Bergson. Au demeurant, c'est Pintuition qui va nous faire connaître cette mobilité. Malheureusement, par ce vocable, M. Bergson désigne tour à tour cinq i six choses différentes : par exemple, la con- naissance absolutiste, l'invention d'une catégorie, l'aperception

�� �