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932 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

attacher aux résultats de l'enquête. C'est pourquoi je pense qu'elle serait utilement reprise d'un point de vue différent, complétée par une étude inverse : de ce qui relie la génération présente à celle de 1885 et, dans l'intervalle, à la mentalité des hommes qui prirent conscience d'eux-mêmes vers l'année 1 900. Ces réserves faites, il convient d'adhérer à toutes les formules où Agathon résume heureusement l'allure et les tendances de la jeunesse : pensée du relèvement national, passion patriotique, nouvel élan, attitude courageuse, besoin d'héroïsme, confiance en soi et dans les ressources de la race, sens de l'action, esprit d'affirmation, de création, de reconstruction, de réalisation, souci précoce des responsabilités, foi de l'homme en l'homme, goût de la réalité humaine ; — autant d'instincts, de sen- timents, d'aspirations que nous saluons avec joie chez la plupart de nos cadets, et que nous nous faisons gloire de partager avec eux. Il ne nous déplaît pas, à nous qui n'avons guère dépassé la trentaine, d'entendre proclamer : " Le ressort de la vie est certainement plus fort que jamais chez les jeunes gens ! "

S'il faut parler de cette part de la génération nouvelle qui se consacre à la création littéraire, j'apporte ici mon témoignage. Elle est saine et robuste. Elle va au devant de la vie. Egalement éloignée des sales compromissions de l'arrivisme et des duperies d'un orgueil qui se retranche, bien consciente de ses devoirs, bien assurée dans ses résolutions, acceptant avec simplicité toutes les conditions de l'existence, — pour protéger l'autono- mie de sa pensée, elle compte avant tout sur son travail. Nom- breux sont aujourd'hui les jeunes écrivains qui exercent une profession ou un métier, et qui espèrent ainsi s'affirmer plus librement, donner mieux leur mesure, se préparer une maturité plus riche. Ils ne fuient aucun contact et s'offrent à toutes les leçons : " L'homme de lettres, tel qu'on le concevait vers 1885, écrit Agathon, le pur intellectuel, dégoûté de l'action, incurieux de l'humain et du réel et qui se complaisait

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