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��NOTES

��ROSNY ET WELLS.

La Guerre du Feu, récit préhistorique, diffère peu de Vamireh par le sujet et par le plan. On y voit encore un héros primitif, supérieur en ruse, en adresse, en audace aux sauvages de sa tribu, et parvenant, après d’interminables luttes, au but vers lequel s’est tendue son obscure et tenace pensée. Il n’en faut pas plus pour que nos adolescents aient quelques heures l’illusion de vivre au temps de la pierre taillée, et frémissent aux aventures des ancêtres. D’ailleurs, en reprenant ce thème, Rosny ne s’est pas imité lui-même ; plutôt il s’est replongé avec joie, avec fougue, dans le courant de ses inven- tions anciennes ; il s’est ému tandis qu’il décrivait le larcin du feu, la bataille avec les Hommes Rouges, la mort du tigre et du lion, le combat final du héros contre les amants rivaux. Docile à ces émotions, j’ai lu ce livre comme un enfant, pour le plaisir. Et j’y resonge, en lisant le savant livre de Durckheim sur Les Formes élémentaires de la vie religieuse. Voici des sauvages tout différents : hantés de représentations mystiques, accablés de rites et d’interdits, unis entre eux et séparés des choses par une chaîne d’illusions qui renforce le lien social. Cette forme de vie, nous dit-on, pouvait seule préparer de loin la science, et l’art, et toutes les plus hautes fonctions humaines. Peut-être quelque épopée unanimiste nous fera-t-elle quelque jour sym- pathiser avec cette " conscience de clan ". Mais je préfère une fiction qui nous fait participer à l’effort des individus. Et comment ne pas supposer qu’à toute époque les vrais inven-

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