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876 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

à Louvois ! Quelle que soit la perfection de Racine, peut on penser à mettre la pureté de ce rare génie en balance avec la paternité de Corneille, lequel a produit toute la tragédie française, et la nourrit encore ? Qui eut jamais plus d'esprit que Saint- Evremond et La Rochefoucauld, si ce n'est La Fon- taine? Mais qui a la puissance de Pascal, surtout?

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��J'observe que tous ces grands hommes et grands artistes de la Fronde sont nés et ont grandi dans les troubles et les guerres civiles, au milieu des duels et des querelles religieuses ; au temps où l'autorité n'est pas sans conteste ; où les libertins, les athées, comme les nomme le bon Père Minime, pullulaient un peu partout ; où les femmes enfin et l'amour ont eu plus de fantaisie, plus de fran- chise et plus de part à la politique qu'en aucun autre moment.

Richelieu s'est heurté partout à l'intrigue et aux amours de femmes. Plus d'une fois, il a failli perdre pied sur le bord de ces eaux ravissantes et de l'onde perfide. Mais de complexion chétive et d'esprit aigu, il était froid. Il a su jouer des femmes, dans l'occasion même où elles pensaient le jouer. La Fronde est sans doute la révolution où elles ont mis le plus de leur folle vanité, de leurs puis- sants enfantillages et de leurs caprices. Sans les

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