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866 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

l'amour t'attendait. Tu exigeais de l'ombre, tu tirais les rideaux dès que mes mains s'attaquaient aux agrafes de tes robes. Tu cherchais à t'envelopper de ténèbres de plus en plus profondes, à mesure que tombaient les voiles qui séparaient de mon désir ton corps pudique et mal consen- tant. — Et pourtant tu savais que bientôt la lumière éclaterait sur notre lit, car je ne pouvais posséder que dans l'émoi de sa nudité, la chair que m'abandonnait ton âme éprise, cette chair de bête fidèle que, sous les plus lanci- nantes caresses, le remords, par instants, repliait en de brefs refus.

J'ai devant les yeux le duvet brun qui surmontait ta bouche... "De nous deux, c'est moi l'homme ", disais-tu quelquefois en caressant ma figure rasée. " Crois-tu ? " répondais-je, défi aux regards, désir aux lèvres,... et tu pâlissais soudain, car, brutalement, je te jetais sur la couche où nos étreintes renaissaient.

Florence,. . . nos chemins se sont séparés. . . Tu as oublié, peut-être, l'amant de ta jeunesse passionnée comme long- temps aussi, il n'a eu que faire de se souvenir de toi. Mais à présent que je ne vis plus que de passé, que l'amour a fui sans retour mes tempes grises et mon cœur alenti, tu peuples, avec tes compagnes, mes méditations douloureuses, et je halète de tout ignorer de toi, je suffoque de ne plus entendre, — ô, jamais plus, — la voix qu'altéraient nos transports. Je t'ai perdue toute, et néanmoins, tu vis quel- que part, vieillie aussi, mais belle, d'une beauté nouvelle que je ne dois jamais connaître. Je voudrais tant te revoir. Le souvenir de notre bienheureux passé me précipite en une noire détresse. Il me rend plus pressant le besoin de savoir ce que tu es devenue, ce que le temps a fait de

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