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SEPT HOMMES 815

ques hôlements de chouette et, surtout, les abois des chiens qui retentissent toute la nuit. — Les chiens de l'univers entier mènent leur concert aux heures ténébreu- ses ; de ferme en ferme, de maison en maison, de troupeau en troupeau, ce qu'ils se disent et ce qu'ils se répondent fait le tour de la terre : sur la route, marchez lentement ou courez au trot d'un bon cheval, vous ne cesserez d'entendre les chiens aboyer et se transmettre, d'un relai à l'autre, des cris mystérieux... Je les ai souvent écoutés, du haut de ma villa, quand le sommeil asservissait l'humanité pesante. Et, au bruit immense du chœur des bêtes, j'attendais. . .

Attendrai-je ainsi sempiternellement ? Que non pas. C'est long, voilà tout. Mais ma vie ne se passe pas sans raison dans cette inlassable expectative. Je tiens pour certain qu'un jour l'objet de mes longues attentes se révélera. Le moment est proche, d'ailleurs, je le sens. Je comptais sur une visite, ce soir. Mais onze heures vont sonner. Il ne viendra personne, peut- être, et pourtant...

J'aime à marcher, d'un pas lent et rythmé, sur ces tapis profonds. J'éteins la lampe, et le feu jette des lueurs rouges sur les fauteuils qui lui tendent les pieds. C'est en me promenant ainsi que je trouve le joint des procès difficiles...

Ah, une voiture s'arrête. Vite, aux fenêtres. C'est pour moi ? Non, une femme en robe blanche et souliers blancs. ... Allez danser, madame.

Nous, mon cher maître, il est grand temps de nous coucher : la Fortune vient à celui qui dort. Nul doute que V Inconnu que nous attendons ne profite aussi de notre

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