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DE LA FOI 793

découvre un nouvel univers dans un grain de pollen. Le vide, à nos côtés, s'ouvre, s'enfle et moutonne. Notre royaume n'a plus de frontières ; des immensités béantes nous regardent de toutes parts : " Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraye. " C'est la géométrie qui inspire à Pascal sa terreur, qui dresse autour de lui tant de spectres, tant de monstres inertes et qui le conduit à s'apercevoir lui-même comme un atome entre des gouffres.

Mais le monde n'est pas si malin que nous. C'est un rustique. Son office, c'est d'exister. Or l'existence n'est pas chose très délicate. Pour être, il ne faut pas se montrer trop difficile ; il faut passer sur bien des détails ; on est malgré tout, et sans attendre les mille petites solutions que l'esprit croit indispensables. L'être est dans un autre plan que la pensée ; tout s'y fait plus simplement ; la solidité y remplace l'exactitude.

Si la science rend le monde étrange et effrayant, c'est parce qu'elle lui pose trop de questions, parce qu'elle veut trop en savoir sur son compte. Devant ces exigences si nombreuses, si déliées, si adroites, il s'affblle ; il n'avait pas pensé qu'on pût lui demander tant de choses ; et comme un témoin timide, il répond à tort et à travers. Il ne s'est pas civilisé avec nous ; il en est encore à l'âge de pierre ; nos instruments trop raffinés le harcèlent

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