Page:NRF 8.djvu/799

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE LA FOI 791

continue de n'apercevoir que ces mêmes questions qu'elles avaient soi-disant pour mission d'éteindre.

Non seulement la science ne m'explique pas le monde, mais même elle y découvre de l'inexpli- cable qui n'y est pas, elle le rend effrayant et plein de mystères absurdes.

En effet elle est l'interrogation indéfinie ; par- tout à la place de ce qui est, elle installe ce que l'on peut se demander ; comme un étrange levain, elle introduit dans la pâte des choses, des pro- blèmes. " Il y aura toujours quelque chose à con- naître, " disent les savants. Ils veulent dire : " L'esprit sera toujours capable d'interrogation. Le monde pourra toujours être questionné." Mais si la question est postérieure à la connaissance ? Si déjà on n'a plus besoin d'elle . Si la seule activité intérieure la déclenche ?

La science est le mouvement même de l'esprit dans sa pureté et qui ne tient pas compte de la résistance des choses ; elle entre au monde tout droit et le traverse ; elle va raide, fine et tran- chante comme une méthode ; elle continue : voilà, en un mot, tout son vice. Il lui manque cette sorte de grossièreté qu'il faut pour sentir quand on touche le réel, comme un matelot ne s'en remet qu'à ses mains serrées sur la chaîne de savoir quand l'ancre est prise au fond. La science dépasse l'objet, elle le divise indéfiniment, elle

�� �