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DE LA FOI 783

ger ; son doute n'est pas quelque chose qu'il ait besoin de poursuivre, d'atteindre et de conquérir; il est la première forme que prend sa pensée, la plus proche, la plus paresseuse. — Et de même il n'a rien à craindre ; il ne s'expose pas ; tous ses biens sont à portée de sa main ; d'un seul geste, en cas de danger, il les ramasserait contre lui et se trouverait léger et prompt.

Mais croire est une tout autre besogne. — La foi est un mouvement de l'âme, une sortie qu'elle fait hors de ses murs. On ne croit pas de pied ferme ; on ne reçoit pas la croyance, il faut aller la chercher. Sans doute il arrive un moment où elle devient aisée et première et simple comme le vivre, comme la santé ; elle est alors une inspiration immédiate et l'acte même de notre coeur. Mais nous savons de quel prix se font payer de pareilles facilités, par quel labeur ingrat il faut les mériter ! Les eaux vives de la foi sont au bout d'une inter- minable et morne route ; il y a une immense aridité intérieure à franchir, avant qu'elles ne jail- lissent. Rien de plus désolant que ces régions de l'âme qu'il faut traverser sans désir. Pour un homme courageux voilà le plus étrange obstacle, celui qui peut tenter le plus son besoin de se sur- passer : non pas des objections à combattre, mais l'absence de toute pente, l'indifférence des chemins, le carrefour perpétuel ; aucune raison d'aller plus loin ; et même toute raison de rester où Ton est.

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