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782 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

foi ; il ne montera point sur l'horizon de journée qui soit trop nouvelle, trop étonnante pour mes forces. Mes forces, c'est justement cette prépara- tion de tout moi-même à l'invraisemblable qui me les rend sensibles ; c'est à cette attente que je les mesure. Je suis comme le chasseur aux aguets, qui, plié sur ses jambes, comprend soudain toute sa vigueur à l'image des périls qu'il se sent prêt à dominer.

Je suis de ceux qu'on trompe facilement ; je reçois toute parole telle qu'elle m'est donnée et je suis dupe plus souvent qu'il ne le faudrait pour ma gloire. Mais pourquoi dissimuler que je prends plaisir à ce ridicule ? Il m'est une preuve — et d'autant plus sûre qu'elle est plus ennemie de mon orgueil — de l'élan intérieur et de l'entrain de mon âme. Ah ! joyeusement j'accepte qu'on se raille de moi, pourvu que je sois certain de ne me sentir jamais, en face d'aucun prodige, défail- lant, pourvu que je puisse défier le monde d'in- venter jamais de quoi me faire hésiter et détourner la vue et rire avec cette sotte gêne de l'ironie !

L'âme croyante, c'est l'âme bien portante.

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��A l'éloge de la foi il faut encore ajouter qu'elle est plus difficile que le doute.

Celui qui doute n'a rien à faire, n'a pas à bou-

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