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��DE LA FOI

A Paul Claudel I

ELOGE DE LA FOI

Le doute passe communément pour une marque de pénétration ; il témoigne, croit-on, d'une intelligence plus forte, plus agile, mieux portante que la foi. — Au contraire je prétends qu'il est une idée mal attachée à l'esprit ; et les tiges sont malades auxquelles les feuilles ne tiennent pas solidement. Le doute est l'incapacité de nourrir ce que l'on pense. Un événement arrive quelque part où je ne suis pas ; on me le raconte ; j'en forme en moi l'idée, je me le représente ; si je ne le crois pas, c'est que je ne trouve pas en moi assez de réalité pour égaler la sienne, c'est que je suis plus pauvre, plus pâle, plus problématique que lui. Il se passe en moi quelque chose que je ne parviens pas à atteindre ; je n'ai pas la ressource qu'il y faudrait. L'événement recommence en moi ; et j'en suis le spectateur impuissant et endormi ; je manque de courage pour l'animer une seconde fois.

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