Page:NRF 8.djvu/778

Cette page n’a pas encore été corrigée

77° LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

cette feuille d'oseille sauvage. Accords suaves et stridents, si peu rétrospectifs, si peu "grandes orgues de musée " ! comme ils flattent votre modernisme et votre goût rompu aux délicatesses de l'air ! Faut-il chercher un sens au chant de joie à quoi la joie seule répond en nous !...

... Quand vous vous arrachez du mur fleuri, au moment de sortir, le mur de la mort vous arrête. Mais vous ne craignez plus ni poison, ni laideur d'enfer. Vous êtes gorgé d'antidote. Vous verrez donc cet Orcagna.

Trois cercueils ouverts arrêtent la chasse. Le premier cavalier tourné gravement vers la reine lui désigne les trois cadavres dans le verdissement, la pourriture, le dépouillement dernier de la mort. La dame s'écarte et pourtant regarde, elle ressent plus de pitié que d'effroi. Les princes à la mine fleurie, courbés sur leurs chevaux qui reniflent la puanteur, voient malgré eux et veulent voir encore. A pleins doigts, le plus gras se bouche le nez. Et voyez l'angoisse des bêtes ! Un cheval blanc se cabre ; un autre se détourne ; ce bai-brun tend le cou de toute sa longueur, mais il ne fera point un pas de plus ; et le lévrier qui bondit, bondit sur place. Le signe du grand mystère est sur tous.

Sur nous, sur vous ; il est sur vous, ami. Et en vain demandez-vous à mieux voir, à vous dégager, pour mieux voir, de ce pathétique facile. En vain

�� �