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l'épreuve de FLORENCE 765

vulgaire, se suffisant à soi-même, disant : " C'est moi et je suis là pour qu'on m'admire ". — Passe pour un joyau, passe pour le Régent ou une pièce d'orfèvrerie ; passe même pour un tableau de chevalet ! Mais pour un monument ! Et ils sont quatre ici, au même écrin de velours vert : la Tour, le Dôme, le Baptistère... — disons seulement trois, car le Campo-Santo présente un aspect tout modeste et quant à son isolement de la vie, la mort suffit à l'excuser.

A Paris, à Reims, à Rouen, à Chartres, c'est la ville qui pousse ses tours, c'est le peuple qui les élève ; la vie les presse au pied, cale leurs racines et nourrit leurs branches. Mais à Pise ce froid, cette mort, cette abstraction ! Si c'est là un parfait miracle, il n'est pas des hommes, mais de l'esprit pur.

Elle va vous blesser à fond la conception italienne d'une architecture dans l'absolu, luxe et non pas besoin ; rêve tout gratuit, avec toute l'inconséquence des rêves ! Car, c'est en vain que là-dessous le squelette ferme et massif de l'ordre roman se retasse ! en vain qu'il vous communique ce large calme que l'on ressent à Poitiers ou à Vézelay. — Pourquoi ce marbre, quand eût suffi la pierre ? Pourquoi de si précieux matériaux, quand tout le prix d'une pierre sculptée tient au ciseau de l'artisan ? Pourquoi voler aux temps passés autant d'éléments architectoniques, quand

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