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LETTRES A FANNY BRAWNE 69

assez juif pour accrocher ma harpe à un saule, mais je m'en vais, au contraire, tâcher de mettre au clair tout mon arriéré en versifiant, et mettre en train quelque chose de nouveau, à mesure que ma santé reviendra ; aussi vais-je avoir besoin de mon manuscrit ^ — ou plutôt de celui de Taylor — que vous voudrez bien, s'il vous plaît, me ren- voyer par un messager, aujourd'hui ou demain. Monsieur D. ^ est-il chez vous aujourd'hui ? Vous paraissiez bien fatiguée hier soir ? Il faudra avoir l'air un peu plus en train ce matin. Je ne saurais souffrir de voir mon Enfant chérie ternie comme une glace qu'un souffle a effleurée, mais je veux la voir brillante, comme il est dans sa nature de l'être. A me nourrir, comme je fais, d'une nourriture aussi factice, et à rester ainsi, assis au coin du feu, je vais arriver au complet anéantissement. Je n'ai pas besoin de me faire représenter par un double de moi-même, en cire, car ma propre personne est en train de fondre au coin du feu. Si vous tombez sur quoi que ce soit de mieux que des lieux- communs dans vos Magazines, faites-le moi con- naître.

Adieu, ma très-douce enfant,

J. K.

��' Le manuscrit de Lamia, habella, etc. (le volume contenant Hypérion et plusieurs des chefs-d'œuvre de Keats).

  • C'est probablement de M. Dilke qu'il est question.

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