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728 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

donner ici une analyse satisfaisante du beau livre de M. Wil- liam Archer. Il me suffira de l'avoir introduit auprès de quelques lecteurs studieux. Nul de ceux qu'intéresse l'avenir de l'art dramatique moderne ne pourra méconnaître son impor- tance.

J.C.

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��RÉFLEXIONS SUR QUELQUES POÈTES, par Jean Moréas (Mercure de France).

Je ne crois pas que ce volume de Réflexions sur quelques poètes ajoute grand chose à la gloire de Moréas. Mais il complète très utilement sa figure et il explique notamment par quelles fré- quentations assidues, le poète des Stances et du Pèlerin Passionné^ doué d'une sensibilité si exquise et si capable de nouveauté, voua tout l'effort de sa carrière à une poésie de culture, que celle-ci, suivant l'époque, reflétât le XV^n^, le XYI^^e ou le XVII™^ siècle français. Il ne lit pas en pédant ni en critique mais en homme de goût ; il n'a pas la passion d'approfondir ; mais sans les rechercher et comme en se jouant il rencontre parfois des traits profonds et justes. S'il nous livre entre les lignes le secret de son esthétique c'est en quelque sorte malgré lui ; s'il nous révèle un aspect inattendu ou peu connu de tel poète, et généralement d'un poéta minor, c'est par hasard et il se borne honnêtement à nous redire sans façon ce qu'il sait de lui, ce qu'il en a lu et ce que nous en avons pu lire dans n'importe quelle anthologie, dans n'importe quel manuel ; il ne déteste pas de répéter des vérités déjà classées et des truismes ; mais il y met un naïf abandon dont nous éprouvons l'agrément. Et c'est chose vraiment charmante que parlant de Du Bellay il n'hésite pas à recopier le sonnet fameux Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage. Propos agréables, sans préten- tion et sans lien, tenus le soir dans un café à l'heure oh l'on parle volontiers des choses qu'on aime, en faisant davantage

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