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NOTES 7^5

forme de " réflexions après coup ", ' alors que la pièce avait atteint un degré de développement où nombre d'auteurs eussent tenu pour achevé le processus de gestation,.. En règle générale, il apparaîtra comme un signe défavorable qu'un drame se présente, dans sa première phase, pourvu d'un dessin fixe et inaltérable. Le résultat de ceci pourrait être un ouvrage puissant, logique, bien lié, mais la respiration de la vie s'y percevra malaisément. Il faut qu'une place soit laissée aussi longtemps que possible pour les développements inattendus de caractères... Le dessin de l'auteur dramatique ne devra pas, jusqu'au moment le plus tardif possible, devenir si dur et serré qu'il prive ses personnages de tout espace pour jouer des coudes et manifester ainsi leur spontanéité... L'auteur dramatique peut tout à coup s'apercevoir que certain caractère est superflu, ou que tel autre devient nécessaire, ou qu'une nouvelle relation entre deux caractères aboutirait à simplifier les choses, ou qu'une scène qu'il a placée dans le premier acte devrait être dans le second, ou qu'il peut s'en dispenser tout-à-fait, ou qu'elle est trop révélatrice pour le spectateur, et demande à être entière ment refondue. Ce ne sont là qu'un petit nombre des ré- ajustements auxquels il doit être continuellement procédé si une pièce se constitue selon un processus de développement vital... Ibsen avait écrit d'importants morceaux de la pièce qui nous est connue sous le titre de Rosmersholm, avant qu'il ne décidât que Rébecca ne serait pas mariée à Rosmer. En outre, à un moment relativement tardif, il écarta deux filles qu'il avait d'abord données à Béata et à Rosmer, et résolut de faire de leur pénurie d'enfants la principale cause de la fin tragique de Béata ". ^

Ce que M. William Archer appelle : donner à une pièce

' Afierthoughts.

  • Pour plus de détails sur ces " réflexions après coup " dans la

création dramatique d'Ibsen, voir notre article : Les Tapiers d'Ibsen (La Nouvelle Revue Française, i janvier 1910.)

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