Page:NRF 8.djvu/715

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES ROMANS 709

profondes, abondent sous la plume de M. Bidou. J'en citerai quelques-unes. Page 28 : " Quand on vit deux fois ce manège, tout le monde les crut plus avancés. En les plaisantant, on fit leurs affaires. Leur flirt fut consacré ; Us rapprirent Ju public avant de s'être aperçus qi^ils flirtaient. Liés Pun a Vautre par V autorité de P opinion, ils n^ avaient qu'à se laisser faire. Pages 139 et 140 : " Etrange effet de l'amour ! Il bouleverse toute l'âme sans que la conscience s'en aperçoive, et il déplace secrètement l'ordonnance secrète. Il n'y a d'immuable et d'indestructible en nous que le plus extérieur, le plus exposé et, dirait-on, le plus changeant de nous-mêmes, le mince épiderme où résident nos habitudes, nos tics, nos goûts, nos associations, la zone externe de nos pensées. Sous cette permanence extérieure se masquent les transformations profondes, et nous changeons de sang et de chair, mais non de masque et de grime. " Pages 149 et 150 : " Les phénomènes qui bouleversaient ainsi son âme nous paraissent plus violents qu'ils ne lui semblaient. Bien au contraire, ils s'accomplissaient avec une espèce de calme et de facilité. Quelquefois il lui semblait qu'il n'aimait pas. Il s'inter- rogeait et se trouvait tranquille. Une langueur détendait tous ses muscles. " Qu'ai-je besoin d'elle ? disait-il, que peut-elle m'apporter de nouveau ? La vie n'est sans doute rien de plus. " Telles sont ces cruelles transformations : il n'y faut pas chercher les clameurs du théâtre. Jouet de l'amour, il le sentait à peine. La subversion totale de l'être se fait avec simplicité, dans un paisible silence, et l'on meurt d'amour sans presque s'en aper- cevoir. " Pages z^"] et 268 : " II y a souvent dans une liaison qui se forme un moment singulier. Après toutes sortes de détours, tout à coup, une femme cesse de se défendre. La fantasmagorie de ses prestiges, après mille cercles multipliés, est éteinte. Un jour, on ne sait pourquoi, elle est épuisée ; elle vient se rendre. Elle commet une dernière imprudence, et ne résiste plus. Et l'homme, qui ne sait pas la marche de cet esprit, est étonné de ne plus trouver d'adversaire. Cette imprudence

�� �