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698 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Le savoir qu'on possède est un vase d'argile, Moins la vertu le garde et plus il est fragile.

Le savant est celui qui voit sans s'émouvoir Les choses de la terre ainsi qu'on doit les voir.

Heureux les humbles, dit l'apôtre St Mathieu, Eux seuls posséderont la part qui vient de Dieu.

Ce qui dans bien des cœurs croit rester inconnu, Dieu par un coup de foudre un jour le met a nu.

On monte d'autant plus vers la source suprême Que plus profondément on descend en soi-même.

Et surtout :

A la rose qui naît, le temps importe peu : Il lui suffit de vivre en présence de Dieu.

Quand sa pensée faiblit L. Belmontet n'échappe pas au prosaïsme, et nous lisons avec stupeur :

Contempler la nature avec Dieu qu'elle acclame 'N'est-ce pas pratiquer l'hygiène de l'âme ?

Mais je n'ai cité ces vers que pour montrer par un exemple combien l'emploi du distique se justifie dès qu'il s'agit de mettre en vers les vérités de la foi, et que Jammes a un précur- seur dans ce genre de poésie catholique. — Mais ce qui peut aider la muse pauvre d'un Belmontet ne desservira-t-il pas un Jammes ? Mais le génie de Jammes n'est-il pas par nature irrémédiablement opposé à une si dure contrainte ? Mais est-ce là une heureuse rencontre que celle d'une formule si guindée avec une poésie faite de nuances, d'abandons, de ressauts et d'oppositions, qui vaut moins par la pureté du flot que par la continuité de la vague et qui, comme celle de Lamartine, ne s'épure qu'en s'abandonnant à son cours ?...

Dans un article fort injuste paru dans la Revue, M. Emile Faguet qui semble avoir lu Francis Jammes et avoir aimé son

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