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CHRONIQUE DE CAERDAL 677

D'autre part, le style matrone et sage femme a bien son prix. Pour l'ordinaire, il est le fait de braves à trois poils. L'auteur taille, coud, brode, lave et repasse le linge des dames. 11 ne quitte pas le cabinet de toilette, les onguents, les pots, et s'il y a lieu, la nourrice. Il est l'apothicaire des chères âmes, leur pédicure, leur hygiène nocturne et leur chemise de nuit. Il ravaude leurs loques morales. Il les purge au bon moment, ce Chérubin de tout remède. Il leur gratte le dos, d'un ongle qui défie l'ivoire. Les sages femmes sont bien utiles, quoi qu'on dise. Là aussi, la vertu triomphe absolument : elle est l'ustensile béni, l'outil des bons ménages, le maître meuble de la chambre à coucher, le matelas du lit. Sainte laine de ce style, moelleuses fanfreluches, honorable duvet ! Doutez- vous si Boucher ne tient pas de Greuze, et Greuze de Boucher }

Je finirai sur deux ou trois cadences. Il y a la cadence espagnole et la cadence orientale, recueil- lies toutes deux par René, à Jérusalem et à Grenade. La phrase, je ne dis pas la pensée, com- porte le jet d'eau, la myrrhe, les cèdres du Liban, un oiseau, des plumes, les croisades, les chevaliers français, une sultane ou deux, et quelques pots de fard arabe. Les idées trempent dans l'eau de rose et la fleur d'oranger. Voilà le style sot inséparable enfin du style niais. On s'en dispute l'emploi. Le style sot est plus littéraire, et demande plus de

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