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CHRONIQUE DE CAERDAL 673

vains dépouillés de son temps, plats et mous, les uns, comme les pâles épreuves d'une eau forte effacée ; et les autres, décharnés, pointus, montrant aigrement le squelette. A moins d'être bien beau, il n'est pas permis de faire voir sa nudité.

Les lettres n'étaient plus que du dessin. Rous- seau leur a rendu la couleur. Voltaire n'est pas plus lisible que le pire Rousseau, et beaucoup moins, il me semble. Il est toujours égal à sa propre perfection. Mais sa perfection irrite, quand elle cesse de nous être indifférente. Trois pages de Voltaire font plaisir, à ceux qui aiment le diable et les malices du singe. Trente pages de Voltaire les font peut-être encore rire. Mais à la centième, on grince des dents. Cette grimace continuelle, ce ricanement, cette raillerie trépignante, rien n'est plus énervant, ni plus laid à la fin. L'étonnant Voltaire de Houdon, ce nœud convulsif de rides et de traits, c'est Voltaire condamné à se lire, depuis cinquante ans.

§

On aurait tort de croire que le style sensible soit le seul niais, entre les styles. 11 joue de la vertu et de la plate bonté, comme l'amour italien de l'accordéon et de la mandoline. Mais on peut faire des tierces sur bien d'autres instruments.

Le progrès, la tradition, le droit des peuples, la

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