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632 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Lally. " Que viennent faire ici ces deux événements ten- dancieux qui ne mènent à rien dans le récit de la bonne femme et qui, précisément parce qu'ils sont pathétiques l'un et l'autre, produisent un effet glaçant lorsqu'il y est fait une allusion si frivole ?

Il se peut qu'on ait tort de vouloir de l'émotion dans ce livre. Je parlais de paradoxes. L'auteur a soin de nous rappeler qu'il entend s'attarder aux remarques piquantes. " Dans cent ans, s'écrie un personnage, tous les tableaux de Watteau auront péri méprisés dans les greniers ; en 1893, les étudiants en peinture recouvriront de leurs ébauches les toiles de Boucher. David a ouvert la voie..." On lit, cent pages plus loin : " Il admirait le coloris du Corrège, l'invention d'Annibal Carrache et le dessin du Dominiquin, mais ne trouvait rien de comparable, pour le style, aux tableaux de Pompeio Battoni. " On lit encore, — et cette fois il s'agit du personnage le plus respec- table du livre : " Il mettait Voltaire au rang des hommes divins, sans toutefois l'égaler à l'aimable Helvétius, à Diderot, au baron d'Holbach. A son sens, le plus grand génie du siècle était Boulanger. " Que v^oici des pointes prévues, et qu'on se lasse vite du procédé ! De tels amuse- ments gâtent, en les émoussant d'avance, des traits d'une ironie plus vive : " Il se réjouissait (en pleine Terreur) de voir la peine de mort, autrefois prodiguée et servant naguère encore à la répression des moindres délits, devenue plus rare et réservée aux grands crimes... " Ou encore : " Le tribunal révolutionnaire faisait triompher l'égalité en se montrant aussi sévère pour les portefaix et les ser- rantes que pour les aristocrates et les financiers. Gamelin ne concevait point qu'il en pût être autrement sous un

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