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6 14 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

celui qui connaît la pensée des herbes et les projets de l'air.

Tous les autres sont morts.

O lune du matin ! ô triste regard de l'Eternité !

(Silence.)

Tout n'a pas été dit, tout n'a pas été fait.

Il faut prier, il faut agir.

Le cœur immense de l'angoisse est comme le bruit de l'aile cassée sur l'eau. Toute la nuit, toute la nuit !

l'angoisse était à mon côté comme une épouse qui aime

et que depuis longtemps on a cessé d'aimer.

(Silence.)

Je me suis levé plus tôt que de coutume et j'ai joint ces mains fortes dans la clarté de la lampe.

J'ai fort à faire aujourd'hui, et mon cœur a raison d'aimer la faible lampe du matin

et la prière machinale dans le froid vide et bleu

qui ne tombe pas de la lune et qui n'est pas le souffle du matin.

(Silence.)

O lune du matin 1 Comme tu as le visage de ceux qui voient des choses étranges et profondes !

L'affamé happe son souffle et le mange, et s'en- dort dans l'eau de sa faiblesse.

L'ouvrier malade rassemble ses outils en toussant.

La fille abandonnée reconnaît avec effroi la man- sarde.

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