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NOTES 547

leurs besoins, qui se cachait en tel recoin de leur cœur ; ils les guérissent de tel désir singulier, ainsi qu'une potion bien compliquée et qui porte un numéro, va communiquer à telles fibres de l'organisme son adoucissement. Mais ils n'ont aucun pouvoir plus général.

Non, l'artiste ne peut rien pour régénérer la société ni pour améliorer le sort des misérables ; car il est à côté d'eux et pareil à eux ; il travaille à une œuvre parallèle et équivalente à la leur. Et il est aussi opprimé, aussi étroitement asservi, parfois aussi borné que le plus esclave d'entre eux. D'ailleurs tous les hommes — tous ceux qui comptent — ne sont pas autre chose que des gens qui ont une certaine besogne à faire avant de mourir. Le conquérant, c'est celui qui a à conquérir, le réformateur celui qui a à réformer. Et peut-être que ni réformer, ni conquérir ne sert à rien sinon à ceci qu'il n'y a plus besoin ensuite de le faire.

J. R.

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UNE LETTRE DE M. RENÉ BOYLESVE.

En réponse à la note consacrée dans noire dernier numéro à Madeleine jeune femme, notre collaborateur Henri Ghéon a reçu de Fauteur une si intéressante lettre et qui éclaire d^une lumière si vive les intentions de celui-ci, qu'il a prié M. René Boy leste de lui accorder r autorisation d'en publier ici les principaux passages. M. Boylesve " n'aime guère, en principe, ces sortes de discussion d'auteur à critique qui prouvent en somme peu de chose, un auteur croyant toujours avoir raison ". Il a pourtant fini par consentir. Nous lui en savons gré et nous nous faisons un plaisir de publier cette page révélatrice.

" ...D'où attendre aujourd'hui, écrit M. Boylesve, l'intelli- gence de la vie intérieure et de la vie morale ? Aux réserves, d'ailleurs importantes, que vous faites sur ce livre, je souscris volontiers ; chacune de vos critiques me paraît fondée. Mais il

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