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LES ROMANS §^5

côtés, eurent un soupçon, furent inquiets, — moi, je vivais allègrement et, lorsque je compris enfin, il était trop tard.

" J 'efface donc mon rôle : quelques gestes, quelques répliques, peu de chose. La suppression ne se voit guère. Si j'écris ces lignes, c'est pour que l'on sache bien que cette histoire est vraie, d'un enfant qui souffrit, qui prit peur et courut au devant de la mort parce que la vie l'épouvantait. "

Le petit Jacques Laurenty n'était pas de ceux qu'on appelle communément les deshérités de ce monde. La vie s'annonçait pour lui pleine de promesses. Mais, un jour, alors qu'il était malade et qu'il sortait de son sommeil, il a vu au dessus de son lit " deux visages qu'il connaissait bien, aux sourcils froncés, aux lèvres frémissantes..., deux visages qui se regardaient cruellement, et le visage de l'homme fit une moue de mépris et une colère froide contracta le visage de la femme " : son père et sa mère ! Et alors, il " sentit, tout à coup, de gros sanglots qui montaient dans sa poitrine, qui montaient vers sa bouche et, saisissant son drap de ses deux petites mains convulsées, Jacquot, plein d'une atroce épouvante, se mit à pleurer. " Puis, il a appris, le petit Jacques, — ce sont des paroles qui sont venues d'un soupirail de la villa pendant qu'il jouait sur les pelouses, — il a appris que son père " fait la noce avec des danseuses ", et, un autre jour, caché dans un bois de pins, il a surpris sa mère et son parrain les lèvres jointes. Et voilà que, ce soir, on apprend la mort de Leduc. Oui, Leduc, le soldat breton, au regard et au sourire enfantins, Leduc, l'ami de Jacques, s'est suicidé dans sa guérite. Il s'est tui d'un coup de fusil pour une femme... Ah ! comme le pauvre petit Laurenty aurait besoin d'être aimé, réconforté, d'être prémuni contre l'angoisse qui l'étreint devant le visage affreux que lui montre la vie... Mais son père et sa mère paraissent si indifférents, lointains et distraits. Et M. Salvert, le jeune précepteur dont les paroles sont comme un baume qui calme les petites âmes ulcérées, M. Salvert, prétextant mensongèrement

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