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SOLITUDE 43

ment sa nappe, d'étage en étage, jusqu'aux yeux mi-clos d'une fenêtre éclairée.. Il y a là une femme qu'il va voir. Elle ne l'attend pas. Mais il y a si longtemps qu'il n'a vu son visage. Il ne pouvait plus y tenir. Il s'est levé brusquement de son travail, dans un bureau triste, au fond de la ville. Il faut qu'il s'emplisse jusqu'aux bords de son image. Il a tant besoin de refaire provision de cette femme, pour trouver courage à ramer sa vie...

...Cette lampe attentive et le soir se concertent...

Il va monter l'escalier dans un silence de tentures. On va la prévenir, à mi-voix, d'un pas suspendu. Lui va s'arrêter sur le palier clair où brûle une applique au regard vide. Elle l'attendra dans une vaste salle, debout, toute grande, pâle et belle, comme une jeune nuit pensive, comme la plus jeune nuit du monde, comme la première nuit du premier printemps... Sa chevelure... On dirait qu'un grand oiseau noir s'est posé sur sa tête et la couvre de ses ailes. Un grand lustre d'or attend là-haut, presque au-dessus d'elle et prêt à descendre, comme une couronne qu'on tient en suspens pour le sacre d'une jeune reine.. Une flamme qui s'en détache et brûle un peu plus bas risque sa lumière sur son front mat...

Mais elle fait pâlir toute lumière, par un éclat limpide et profond de diamant noir. Elle est pure et droite comme un grand vase où veille une

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