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482 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

est ici, elle miaule et ronronne. Et ces lentes mâchoires, qui sucent en Croyant longuemen la victime.

Domitien disant aux sénateurs : " Mon caractère et mon visage vous ont plu jusqu'ici. " ^ L'insomnie de Domitien, seul, dans un lieu secret, marchant de long en large, jusqu'à ce que le sommeil arrive, me fait grincer des dents. Et cette chambre close, ce hideux abattoir à coprophores, où un empereur de trente ans, passe le temps à tuer des mouches. Et tant d'autres traits inimitables, où l'on retrouve le génie inventif de la vie, et l'ondoyante variété de la détente humaine, sagesse ou folie. Aux mots formidables de Caligula et de Tibère, la dérision des hommes va plus loin que le respect ne fut jamais, peut-être. Elle s'élève jusqu'à ce soupir magnifique de César, pareil au sourcil dégoûté de Jupiter : " Je suis le belluaire lassé de cet empire. " C'est dans Suétone surtout qu'on sent la grandeur de César, et l'épouvantable méchanceté d'Auguste, ce Robespierre maître du monde.

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��Plus que Tallemant, et moins que Saint-Simon, lui-même toutefois, à cause de cet air attentif, de cet œil rentré sous la paupière, et de son ton tran- quille, Suétone est tragique ; tel qu'un autre Tal- i Chap. XVIII

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