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474 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Un homme froid, et qui paraît sans intérêt aux affaires de l'Etat ; un tempérament rassis, la mie charnue et savoureuse sous la croûte un peu grise ; une vue des plus claires ; des habitudes exactes ; une âme peut-être passionnée, peut-être ironique, mais qui prend surtout plaisir à dissimuler sa passion, et à cacher l'ironie jusqu'à la rendre presque insensible : en tout cas, un esprit curieux, dont la curiosité est la passion, en plus d'un ordre : et d'abord, comme il en a le flair, il ne quitte pas la piste des secrets ; il est toujours en quête de l'homme nu ; il veut le surprendre dans ses goûts profonds, et ses fonctions nocturnes.

Il est mêlé aux mystères des grands, et nul ne s'en doute. Il est prudent avec les princes. On ne se méfie pas de sa fidélité ni de son exactitude. Il ne brave ni ne rampe. Il donne, peut-être, pleine confiance par le soin qu'il met à faire son office ; sans plus de mollesse que de zèle, il mérite la bonne opinion qu'on a de lui.

Il a servi ; il a été capitaine. Il sait son métier de soldat, comme un autre. Il a vu du pays. Il administre avec probité. Pline, parlant de Suétone à Trajan, l'appelle un très honnête homme.

Scrupuleux dans les fonctions publiques, il n'a pas fait fortune. D'ailleurs, il a du bien, et vivant sur sa terre, l'été, il peut vivre, l'hiver, à Rome. Sa condition est ordinaire. A ne le juger que sur ses mœurs et sa conduite, c'est un homme distin-

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