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��CHRONIQUE DE CAERDAL VIII

SUÉTONE

Ce Suétone ! Comme il m'appelle, du plus loin qu'il me souvienne, et comme il me semble n'avoir jamais été vu, ni même soupçonné de personne ! Je ris de plaisir à me figurer Suétone écrivant son fameux livre. Un notable commis aux écritures, un fonctionnaire scrupuleux, bien docile à la règle, et de bon renom dans les bureaux, — je veux qu'il prenne grand soin à mouler ses lettres et à former les capitales, — on le croit occupé, même chez lui, à tenir des registres ou à copier des minutes : et il fixe pour l'éternité la figure de l'Empire. Il peint les empereurs, et on ne pourra jamais plus les voir sans lui. Que cette idée est admirable pour l'esprit : elle réjouit sa faim de conquête ; et elle contente ce besoin du rire inté- rieur, qui est sa vengeance : L'esprit a beaucoup à se venger, et grandement. De quoi ? de tout : des faits, de la force, de la brute, des hommes, et de l'esprit même.

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