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446 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

très sages, et si l'on considère l'œuvre de Maeter- linck à ce point de vue, il ne faudra pas lui tenir rigueur des emprunts qu'il a pu faire à Plotin, à Porphyre, aux gnostiques, à la Kabbale, aux Soufis, à Novalis, à Emerson, à Swedenborg, à Marc- Aurèle, à Guyau, à Renan, à toutes les doctrines mystiques que la poésie philosophique a fait naître, et à quelques doctrines rationalistes que le bon sens a maintenues loin des abstractions oii le sage moraliste n'aime pas à se perdre. La plupart de ces sources sont trop lointaines pour que le public, même le plus cultivé, y puisse aller puiser, et si Maeterlinck n'a fait que s'y abreuver en passant, du moins a-t-il rapporté quelques-unes des fleurs qui poussent sur leurs rives. On pourrait aussi lui savoir gré d'avoir prévu le goût passionné qui porte toute la génération actuelle vers la philoso- phie de Bergson. Ce qu'il y a de commun entre Le Trésor des Humbles^ et les traités suivants, n'est- ce pas la double application qu'on y trouve de la formule bergsonienne ?

Mais Maeterlinck se contenterait-il de n'être qu'un vulgarisateur des idées oubliées et un met- teur en œuvre des idées flottantes ? Ne fait-il pas figure de penseur, de directeur intellectuel ? C'est contre cette transmutation de valeurs qu'une pro- testation s'élève en France et de France se répand en Europe.

Sans doute elle est dangereuse cette sincérité

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