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MAURICE MAETERLINCK 443

qu'on peut très bien vivre heureux en côtoyant les idées qui épouvantaient Pascal. Il suffit de " comprendre ", de regarder avec détachement et d'aimer. D'aimer quoi ? D'aimer tout, ce qui est la meilleure façon de n'aimer rien.

Cette attitude que conseille Maeterlinck n'est pas sans grâce et il y a, dans La Sagesse et la Destinée de vraies beautés sereines et graves qui s'imposent à l'esprit, malgré l'imprécision du style. Si depuis, certain personnage de Monna Vanna nous a brusquement révélé ce qu'une telle sagesse a d'insuffisant, — vous vous souvenez de cet odieux vieillard qui, chargé de fléchir le vainqueur brutal destructeur de sa patrie, revient de sa mis- sion avec des notations d'homme de lettres et des considérations de philosophe humanitaire admirant le condottiere Prinzivalle... qui a lu ses œuvres, — tout de même il faut faire quelque crédit à cette ample rhétorique toute chargée d'images et qui, par endroits, a le charme berceur d'une homélie, auquel plus d'un s'est laissé prendre.

Mais, à mesure que l'œuvre se poursuit, le procédé s'accuse. Dans he Temple enseveli^ dans L.e Double Jardin^ Maeterlinck reprend les thèmes de La Sagesse et la Destinée et les développe. Devant toutes les questions, c'est le même balancement, la même fuite, la même volonté d'éviter ce qui est angoissant. En cercles concentriques, la pensée de notre auteur tourne autour du temple, et de

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