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MAURICE MAETERLINCK 439

une tentative sincère de saisir la "Vie totale", de discerner les commandements de F " Etre ".

La vie totale ! Elle a fait trembler tous ceux qui, par-delà la barrière des religions humaines, ont aperçu son visage terrible. Rêves apolliniens ou dionysiaques, théogonies mystérieuses des vieux âges, métaphysique scolaire ou religieuse, théolo- gies compliquées des hérésiarques orientaux, toutes ces idéologies n'ont servi qu'à masquer l'aspect redoutable de la vie totale. La vie totale ! Silence effrayant des espaces infinis, horreur de sentir s'écouler tout ce qu'on possède, éternel retour, éternel ignorabimus^ énigme permanente, solitude et contradiction ! La vie totale qui est par-delà le Bien et le Mal, par-delà la Justice, et que la grande âme d'un Pascal ne veut connaître que par l'intermédiaire de Dieu ! Maeterlinck, dès le com- mencement de sa carrière, a repoussé le Dieu de Pascal. C'est un Dieu tragique. Maeterlinck ne veut pas plus de la rude certitude qu'il impose que des héroïques négations d'un Nietzsche. Il croit que la destinée de l'âme humaine est d'être heureuse parce qu'il tient à être heureux, parce qu'il tient à conseiller le bonheur. Ce qui chez lui devint plus tard un ferme propos n'est d'abord qu'un obscur instinct mais d'autant plus impérieux.

Aussi, soit qu'il entrevît le péril qu'il y a, pour un optimiste volontaire, à poursuivre la connais- sance et l'expression de la " Vie totale ", même au

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