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LA CONQUE D OR 3I

brûlaient d'une religieuse ardeur. Ce soir, au con- traire, j'aimerais à rester, comme aux Compiles d'autrefois, où l'on remettait son esprit aux mains de Dieu, cependant qu'une nuit verdissante appro- fondissait les vitraux. L'âme soupire après le calme, vers la fin de la journée. Mais il faut partir, hélas ! toujours partir. Et tandis que nous gagnons au crépuscule Montauban, vaste et déserte sur son fleuve qui la remplit d'un immense espace vide tout tremblotant de rares lumières perdues, nous traversons un village où l'on danse sur la route. Nous attendons que la danse ait pris fin, et aussitôt de jeunes garçons viennent nous offrir des fleurs de papier rose et bleu, avec un sourire si franc, un sentiment hospitalier si engageant, que je me demande aujourd'hui si cette rencontre imprévue, ce geste charmant, cette belle jeunesse qui tournait à l'air du soir, ne m'ont pas donné la plus chère émotion de mon voyage.

Ces fleurs, nous les avons longtemps gardées. Que sont-elles devenues...

Août 1908.

François-Paul Alibert.

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