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336 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

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Quel est le problème de la vie, pour les seuls êtres qui vivent, maîtres un moment de leur néant, au milieu de tous ces esclaves ? pour ceux qui aiment ? pour ceux qui sont vraiment hommes ? pour les artistes enfin, au fort de la canaille innombrable, parmi les roquets et les hyènes, les sorciers de toute doctrine, et les cuistres de la raison ? S'élever à la connaissance, et faire un rêve de beauté sur cet abîme de néant.

Une belle danse est l'image du rêve souhaité par l'artiste. Le rhythme et l'harmonie, la forme nue et la musique, toute la beauté de la vie éclôt soudain en grappes de plaisir, dans un ordre sans heurts et sans lacune, guirlande de joie et de volupté sur le funeste écran du vide ; et comme la lune de juin illumine la forêt au bord du lac, l'illusion du bonheur sourit aux ombres sur la scène de la nuit.

Oii tout est spectacle, où tout spectacle est beauté, sans prétendre à rien de plus, la vie est un ordre exquis, puisque la laideur n'y a plus de part. Non seulement la haine n'est plus qu'un trait de fifre, et la méchanceté un pas de bouffons, que le basson scande de ses pétarades : l'amour même est délivré. Le génie de l'espèce est vaincu dans

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