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296 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Jeu déloyal !

Je sentis que j'étais entouré d'assassins possibles dont les bras se levaient dans un désir de tuer, et dont les traits avaient cessé de ressembler à des traits humains pour n'être plus que la personnification d'un instinct terrible et sans mélange.

Et je vis une haute poupée se relever d'une chute et s'approcher, les mains menaçantes, d'une poupée moins haute.

— Jeu déloyal ! jeu déloyal !

— Vas-y, Jos ! Casse-lui la gueule ! Jos ! Il t'a donné un croc-en-jambe !

Il y eut une longue discussion pleine de gestes entre les trois poupées noires en molletières de cuir et plusieurs des poupées rouges et blanches. Enfin un des petits bons- hommes aux molletières haussa les épaules, fit un geste bien net aux deux autres, et se retira vers le bord du champ le plus rapproché de la tribune. C'était l'arbitre sans probité ; il venait de refuser de reconnaître le jeu déloyal. Dans le long duel entre le malhonnête avant de Manchester et le grand et brave Jos Myatt, il venait de donner encore un point à l'ennemi.

Aussitôt que l'armée eût compris quelle action vile venait d'avoir lieu, elle hurla encore une fois avec une fureur plus grande. Elle semblait déferler en masse contre les épaisses grilles de fer qui seules séparaient l'arbitre de la mort. Justement le prudent arbitre s'approchait de la grande tribune comme de l'endroit le moins périlleux. En une seconde une poignée d'exécuteurs avait trouvé moyen d'entrer sur le terrain. Et la seconde d'après quelques agents leur faisaient face ; ils ne leur donnaient

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