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292 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

accessoires sans importance dans la chose mystérieuse (quelle qu'elle pût être) qui s'accomplissait. Puis un sifflet cria, et tous ces personnages commencèrent à se mouvoir en même temps ; puis je vis un ballon en l'air. Un mur- mure confus et inquiet s'éleva de l'immense multitude comme une vapeur invisible mais perceptible. L'instant d'après, la vapeur s'était condensée en une soudaine excla- mation. Alors je vis le ballon qui roulait tout seul au milieu du champ, et une seule poupée rouge qui courait vers lui. A un bout se trouvait un groupe mêlé de blknches et de rouges, et à l'autre bout deux poupées blanches, assez isolées dans l'étendue du terrain. La poupée rouge qui était toute seule rejoignit le ballon et courut en le maintenant entre le va-et-vient accéléré de ses pieds. Derrière moi une grande voix mugit avec un prodigieux volume de son :

— A toi, Jos !

Et une autre voix, un peu plus loin, mugit :

— A toi, Jos !

Et de plus loin en plus loin l'avertissement farouche partait de la foule :

— A toi Jos ! A toi, Jos !

La plus rapprochée des poupées blanches, comme la rouge avançait, s'élança. J'aperçus une jambe. Et le ballon volait déjà en sens contraire, décrivant une magni- fique courbe en plein ciel. Je cessai de le voir, puis j'entendis un coup sourd sur les ardoises du toit des tribunes, et le ballon tomba au milieu de la foule, dans l'enceinte des tribunes. Mais presque avant que le vol du ballon n'eût commencé, un terrible cri de soulagement avait grondé, formidable, tout autour du terrain, et hors

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