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LA CONQUE d'or 23

traverse de vastes terrains onduleux, maigrement plantés de châtaigniers, qui, s'abaissant par inter- valles, ouvrent à la perspective un espace infini. Puis le paysage se rétrécit, et l'on entre dans une vallée étroite, unique par la fraîcheur, l'abondance et la variété sans pittoresque. A un tournant du chemin, un vieux château tout ruiné pend sur des grottes crevassées, noires et vertes, que je m'ima- gine, je ne sais pourquoi, devoir ruisseler de miel sauvage. Peut-être ressemblent-elles à un gâteau d'alvéoles qu'on vient de cueillir, tout rompu, tant elles sont capricieusement percées. Peut-être aussi, est-ce l'odeur des feuilles, mouillées par l'orage de la nuit, et qui distillent tous les arômes de l'été. C'est Sali es-la- Source. Comme on s'attar- derait ici ! Comme on se laisserait aller au com- plaisant appel de ce clair village au nom si frais, qui s'étale, de l'autre côté de la route, au long des prairies ! Hélas ! qu'ils sont déjà nombreux, ces endroits de la terre où l'on aurait voulu s'arrêter et vivre.

Mais Conques emporte tous les regrets. C'est une pauvre bourgade posée à mi-côte, dans un repli de la montagne. On ne la voit pas encore que déjà on la touche. Ses ruelles sont tortueuses et roides. On y accède parle plus mauvais raidillon, tout fendu de rocailles tranchantes. Ah ! se dit-on, ce n'est pas là qu'il ferait bon de vivre. Dès qu'on l'a découverte, on se demande, étonné, où l'on

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