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20 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

immobile et silencieuse gravité. J'ai pour eux plus d'inclination qu'ils ne sauraient le croire. Mais il y a, même dans la curiosité la plus tendre, une part d'artifice à laquelle ils ne se méprennent point. Ce qu'on nomme sympathie reste bien au- dessous de la foi, qui, par tant de points, touche à l'amour, et, qui sait . n'est peut-être que l'amour lui-même. La leur est surtout faite d'entêtement, de passion âpre et dure comme les pentes déchar- nées du plateau calcaire où s'élève Rodez. Deux villes de France peuvent se ressembler par bien des côtés, le même ciel, certaines nuances du paysage. Rodez ne ressemble à nulle autre. Elle est unique ; rien n'y accueille, rien n'y sourit. Ses horizons sont maussades et venteux, et ses habitants vous opposent une froide réserve, une humeur presque sauvage. Partout, le caractère le plus rigoureux, le plus tranché domine, et aussi, quelque chose de dissimulé, d'embusqué, qui se tapit dans tous les coins. C'est, semble-t-il, en vertu d'une mystérieuse prédestination que la plus obscure et la plus émouvante des affaires judiciaires du dix-neuvième siècle, s'est précisé- ment déroulée là, dans cette ville si retirée, comme engourdie, qui garde encore enseveli, sans qu'on puisse croire qu'il sera jamais dévoilé, son redou- table secret.

L'auteur du Voyage de Sparte raconte qu'à Rodez, un soir de pluie, il refit, de la maison

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