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RÉFLEXIONS SUR LE ROMAN 237

roman qui prouve, pour la peinture de la vie qui amène à porter un jugement sur la vie. Je tien veux pas venir à la question des fins morales de l'art, mais réfléchir seulement à deux problèmes que touche en passant M. Bourget.

Une des raisons pour lesquelles, selon lui, Taine abandonna son roman, c'est qu'il ne le sentait pas assez objectif, que toujours il se voyait derrière ses personnages, expliquant, commentant. Le vrai roman était, pour Taine, celui dont " les figures tournent " où " les choses et les gens existent comme des objets concrets " sans que l'auteur paraisse. C'était l'esthétique de TourgueneflF, de Flaubert, de Maupassant. M. Bourget ne croit pas qu'elle soit exclusive de l'esthétique opposée, qu'il préfère, et il n'a pas de peine à citer des chefs- d'œuvre fort peu objectifs, traversés de commen- taires par l'auteur : Adolphe^ Sylvie, les romans de Balzac. " Un roman, dit-il, n'est pas de la vie représentée. C'est de la vie racontée. Les deux définitions sont très diflférentes. La seconde est, seule, conforme à la nature du genre. Si le roman est de la vie racontée, il suppose un narrateur.... Un témoin... n'est pas un miroir impassible, il est un regard qui s'émeut, et l'expression même de ce regard fait partie de ce témoignage. " Ainsi Balzac et Walter Scott. " Colomba, Pères et Enfants, Madame Bovary, sont des chefs-d'œuvre aussi, mais trop nettoyés, trop calculés. Vous cherchez

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