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REFLEXIONS SUR LE ROMAX 21']

l'ample et multiple figure d'un âge, le roman de l'adolescence, dans ce désarroi du romancier et de son sujet, se réduit à un point, à une crise, à l'histoire des premières amours. Et alors la psy- chologie de l'âge disparaît presque entière sous celle de l'amour. Les exceptions sont rares. 11 ne me vient à la mémoire que celle de Jean-Chris- tophe. A la différence de ce qui a lieu d'ordinaire, le chef-d'œuvre du livre, sa partie centrale et solide, c'est l'histoire de l'adolescent, c'est la vie de l'intelligence et des sens étudiée avec une minutie divinatrice, en fonction très précise de l'adolescence. On dirait que, dans cette histoire d'un musicien, Romain Rolland aborde le roman avec une nature de musicien, une nature qui ne s'arrête pas en tableaux, mais sympathise avec un mouvement, ne s'éprouve vivante que dans la fluidité pure, dans l'acte de la succession, dans une croissance ardente et fiévreuse, une adolescence perpétuelle.

C'est que le musicien Jean Christophe est une sensibilité, le contraire par exemple d'un Julien Sorel qui est une volonté, d'un Etienne Mayran qui va être une intelligence. Si l'adolescent qui commence à sentir, à aimer, peut devenir sujet de roman, il est très difficile au romancier que son héros sente, aime en adolescent, que l'accent soit sur ceci : un commencement. Sitôt que l'amour s'installe, il est l'amour éternel. Dès lors l'adolescent qui com-

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