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214 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ment l'art peut-il faillir à son devoir naturel de lui donner la seconde naissance, de le transcrire au registre d'or ? C'est un fait pourtant : il y a manqué.

Ou plutôt il l'a fait une fois, et jamais plus il n'y est revenu. Ce lever de soleil de la pensée et sa rougissante ferveur, nous les avons vus dans les dialogues de Platon, et pas ailleurs. L'art d'Athènes a, de ses doigts légers, et d'une seule et frêle ligne, ainsi qu'à la paroi d'un vase, tracé cette figure sacrée ; et elle fait la seule des figures antiques qu'une délicatesse secrète défendit à l'art classique français, à tout l'art moderne, de s'essayer à repro- duire. Pas un trait qui dans l'autobiographie intel- lectuelle de Descartes, dans le Discours de la Méthode^ nous révèle ce collégien de la Flèche, figure olivâtre et maigre, aux cheveux noirs et aux yeux ardents comme un Bonaparte de la pensée, à l'heure où l'intelligence le toucha de son rayon et lui découvrit par la forêt scolastique ses droites avenues. L'enfance et l'adolescence sont pour le XVIP siècle des infirmités naturelles dont il n'est pas décent de parler, une fois que la nature vous a soustrait à elles. Il semble que depuis les Grecs le péché originel ait été étendu à toutes les naissances, à celles aussi de l'esprit. Ce n'est pas le moment d'insister. Mais relisez un matin Charmide et Lysis, et allez voir ensuite au Louvre ce tableau anonyme du XVIP siècle, qui s'appelle Un précep-

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