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105 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

jours à une certaine confusion ? La qualité principale de sa critique, c'est la vie. — Ceux-là même que le caractère esoté- rique de ses contes a pu momentanément détourner de M. Alexandre Mercereau s'empresseront de revenir à une pensée si généreuse et si modeste,

H. G.

��LA SALOME D'OSCAR WILDE, AU CHATELET.

Lorsque je lis, dans Intentions : " La vie est terriblement défectueuse au point de vue de la forme... " il me semble que j'attendais cette phrase, depuis longtemps. Je crois y trouver ma propre revendication, et suis prêt à suivre cet artiste qui promet de me combler de connaissance pure ; je crois l'entendre ajouter : " La vie donne une connaissance brute, mélangée de boue et de sable ; l'artiste en tire la pierre taillée qui n'eût jamais existé, sans lui... " et j'applaudis.

Mais quelques pages plus loin : " L'Art ne nous fait aucun mal. Les larmes que nous versons au théâtre représentent les émotions exquises et stériles que l'Art a pour fonction d'éveiller. Nous pleurons, mais nous ne sommes pas blessés. Nous nous affligeons, mais notre destin n'est pas amer. . . " Alors, je me séparerai de cet artiste.

Car si je veux souffrir, et que le trait qui m'atteint ne soit pas une flèche de papier, mais une arme blessante et vibrante î Si je veux être frappé, — et que la joie et la force et l'exemple que j'y puise, soient réels ? Si quelques rares émotions du théâtre veulent compter parmi les émotions décisives de ma vie ? Votre art ne répond pas, refuse de répondre à pareille exigence.

Je connais votre dessein, qui est d'amuser, au sens le plus haut. Vous êtes roi entre les jongleurs et les danseurs de corde. Là s'arrête votre pouvoir, et vous n'en souhaitez pas d'autre.

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