Page:NRF 8.djvu/186

Cette page n’a pas encore été corrigée

l80 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

qui se déchire, démasquées brusquement par cette danse qui se calme au premier plan, se détachant des régions obscures de la pensée ovi depuis un instant elles remuaient informes, roulent vers lui ces trois danseuses solitaires, furieuses, pleines de tumulte et hérissées de gestes, comme des tours qui virent en lançant des javelots.

Cet homme voit tout cela en lui. Parce qu'il n'y a pas encore de mot pour en préciser la nature, refuserons-nous d'admettre son génie ?

J. R.

��« 

��LES ECRITS POSTHUMES DE TOLSTOÏ.

C'est une complète erreur que la publication de ces écrits posthumes. On nous donne comme des œuvres achevées, de simples ébauches, des canevas, des plans, des brouillons jetés d'une seule encre sur le papier. Tout cela pêle-mêle, dans la confusion la plus absolue, sans qu'il soit possible de saisir une intention organisatrice... Certes, nous nous serions félicités qu'on offrît à notre ferveur les différentes versions qui ont pu précéder le texte définitif de grandes œuvres comme Guerre et Paix, Anna Karénine, La mort d'Ivan lllitch. Une publication de cette nature, qui aurait évidemment suscité une étude analogue à celle de M. William Archer sur Ibsen (From Ibsen's workship: The Genesis of his Drames), nous aurait permis de pénétrer plus profondément dans les arcanes du génie de Tolstoï... Mais ce n'est pas là ce qu'on nous apporte ; ce qu'on présente comme aliment à notre admiration, à notre vénération pour le " grand écrivain de la terre russe ", ce sont des ouvrages encore frustes, à quoi Tolstoï n'avait pas porté sa " magistrale dernière main ", des romans esquissés qui apparaissent comme les œuvres achevées d'un romancier simplement estimable, sinon médiocre, des pièces fragmentaires dont on a pu se demander si l'une d'elles. Le

�� �