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��LE THEATRE

��Iphigénie et Poil de Carotte (Comédie Française). — SuMURUN (Vaudeville).

On voudrait ne dire que du bien du tardif hommage rendu par un théâtre officiel au plus probe des poètes ; mais c'est un sujet qui prête à mélancolie. Il fallait prévoir le peu d'effet scénique que produirait V Iphigénie de Moréas ; on ne pouvait pourtant imaginer l'ennui que, malgré quelques instants admi- rables, dégage la représentation de la Comédie Française. Le morne jeu des acteurs y contribue pour beaucoup, mais la pièce est responsable du reste. Les poètes parlent fort de la barbarie du théâtre et de l'incompréhension qui leur en tient les portes closes. Il faut bien avouer que le petit bon sens des directeurs avait ici raison contre le goût si grand de Moréas.

Tout d'abord la légende d'Iphigénie est une des moins urgentes de la littérature grecque. Le contenu en est maigre sitôt qu'on en retire l'incommunicable émotion patriotique. L'union de tous les Grecs à Aulis, c'est un peu comme la consécration de l'unité allemande dans la Galerie des Glaces de Versailles. Un tel événement n'est touchant que pour le peuple intéressé. La Grèce a beau être un peu notre patrie d'élection, elle ne l'est pas politiquement. Privé de cette signification nationale, le sujet à^Iphigénie réclame une atmosphère primitive et barbare pour retrouver un peu de son humanité et de sa grandeur originelles. Chez des demi-sauvages que dominent la crédulité et la terreur, l'oracle sanguinaire de Calchas pouvait passer pour volonté des dieux et les larmes hypocrites d'Agamemnon

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