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LES POÈMES 159

nel, on la trouve, si rare, si fragile, si tremblée qu'on hésite à en faire état. Il semble pourtant que Léon Dierx portait en lui le sens d'une sorte de rêverie séraphique qu'il a, en quelques endroits, exprimée, certaine musique intérieure et une sym- pathie humaine qui le distinguent des Parnassiens. Mais cela ne suffirait pas. Il ne devra laisser dans nos mémoires et dans l'histoire de la poésie, ni la trace fulgurante des grands roman- tiques, ni l'empreinte grave d'un Vigny et d'un Mallarmé, ni la vibration d'un Baudelaire et d'un Verlaine. Sa voix n'aura été ni assez neuve, ni assez souveraine pour retentir lon- guement dans le futur.

D'où vient donc que, lorsqu'il se lève, le masque noble et creux, couronné de longs cheveux gris, le teint cireux, l'œil un peu fixe, comme déjà marqué de la grande sérénité de la mort, lorsqu'il agite les feuillets entre ses doigts tremblants et murmure ces vers sans faste, sans ornements, mais tout à fait justes et purs, une émotion de respect, je dis plus : d'admiration, nous inonde ?

// dort. Epands sur lui ta cUmeiue., S nature .'

Donne à ce doux héros la douce investiture.

O mort ! que la foret, que ces joyeux abris

Dont il sut écouter les échos assombris

Et célébrer pour nous les splendeurs méconnues ;

Que ce fleuve où, pensif, dans un reflet de nues

Ou d^azur, il cherchait r image aussi des mots ;

Que ces bords, ces versants, ces vallons, ces hameaux.

Ce décor familier cher à la songerie ;

Que tout cela murmure, et miroite, et souris.

Chaque été, noblement, tendrement au soleil.

Autour de son tombeau pour charmer son sommeil.

Mettons à part l'émotion humaine ; cet homme allait mourir et nous le sentions.

Cet homme qui allait mourir, représentait pour nous, sous

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